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  • Lot n° 24 Henri de GROUX (Comines 1825 - Bruxelles 1870) L'Assassiné, vers 1899 Huile sur toile 60 x 73,5 cm Signé en bas à gauche Henri de Groux Provenance: Collection Alexandre Graverol (1865-1949) Collection Jane Graverol, par voie de succession Collection Gaston Ferdière Collection Alexandra Charbonnier, acquis auprès du précédent Collection particulière Exposition : "Crime et Châtiment", Musée d'Orsay, 16 mars au 27 juin 2010, n° 418 Bibliographie : Jean-David JUMEAU LAFOND, Crime et châtiment, [exposition, Paris, Musée d’Orsay, 16 mars – 27 juillet 2010], Paris, Gallimard, 2010, page 338, ill. 361 (reproduit) Fils du peintre réaliste Charles Degroux, Henry de Groux (ainsi qu’il orthographia son nom) étudie à l’Académie des Beaux-Arts d Bruxelles. Proche très jeune des milieux littéraires belges (Camille Lemonnier, Edmond Picard), ami de peintres symbolistes tels que Toorop et Degouve de Nuncques, il est élu en 1887 membre des XX ; il en sera exclu en 1890 pour avoir manifesté violemment son refus d’être exposé à côté de « l’exécrable Pot de soleils de Monsieur Vincent » ; ce projet de Van Gogh reflète déjà, en dépit d’engagements proches de l’anarchisme et d’une facture plus vigoureuse qu’éthérée, l’idéalisme latent du peintre. En 1891, il s’installe à Paris où il est précédé par la réputation de son Christ aux outrages ; cet immense tableau, expédié à Paris avec l’appui du roi des Belges, est exposé grâce à Osbert dans une grange du XVe arrondissement où artistes et gens du monde viennent l’admirer. A la suite de sa visite, Heredia, le pourtant très élégiaque poète du Parnasse, intervient auprès des autorités françaises pour obtenir à l’artiste un secours de 600 frs : Il a « le plus beau talent, original, un peu étrange, des plus rares […] On peut dire de sa peinture : "Non hic piscis omnium". La vie et la carrière de l’artiste seront désormais tumultueuses. Soutenu par des critiques tels que Rémy de Gourmont et Camille Mauclair, ami intime de Léon Bloy, De Groux ne laissera personne indifférent. Son tempérament caractériel, une manie de la persécution dont témoignent ses lettres parfois délirantes, se retrouvent dans son art, tourmenté et visionnaire et il n’est peut-être pas indifférent que Stuart Merril lui dédie son Chant de Satan. Exposant au Salon du Champ-de-Mars, chez Le Barc de Boutteville, au Salon de La Plume ainsi qu’à La Libre Esthétique de Bruxelles, il suscite encore l’intérêt en 1911 au Salon d’Automne. Mêlant sujets littéraires, bibliques, historiques et mythologiques à un humanisme véhément et habité de préoccupations sociales, De Groux traite cette inspiration avec un art dont la complexité du dessin et la violence de la pâte ressortissent à une tradition héritée de Rubens dont l’artiste laisse d’ailleurs un portrait. Peintre de scènes ténébreuses et de moments crépusculaires, mais aussi sculpteur et illustrateur, De Groux appartient bien à la tendance d’un Symbolisme à l’idéalisme utopique et il n’est pas surprenant que Léon Bloy, dans le Saint-Graal, ait pu l’opposer à "ces prétendus novateurs, pointillistes ou luminaristes, dont Rembrandt n’eût pas voulu broyer son chocolat et qui ne paraissent, en fin de compte, que d’incultes manœuvriers du matérialisme." » Autour de 1900 ; de Groux traita plusieurs fois le thème du meurtre et de l’assassiné (dont une version qui appartint à Edmond Deman) ; on peut être surpris qu’un artiste de la tendance idéaliste s’arrête à des thèmes en apparence « triviaux » : chez de Groux, le phénomène est récurrent. Qu’il s’agisse de scènes historiques (Napoléon, César, Zola) ou de visions de genre (Bohémiens, L’Emeute, Le Pendu), l’artiste élargit le sujet aux dimensions d’un archétype. Ce corps renversé et sanglant, gisant dans un univers étrange, tandis que rampe sur lui l’incarnation monstrueuse du meurtre plus que le meurtrier lui-même, érige le « fait divers » en drame universel. La facture très libre et décor improbable ajoutent au caractère onirique d’une scène difficilement identifiable mais qui atteint au tragique par des moyens essentiellement picturaux. La provenance de cet étonnant tableau mérite d’être mentionnée : après le peintre belge Alexandre Graverol (1865-1949), ami des symbolistes et auteur d’un Verlaine à l’hôpital, il appartint à sa fille Jane Graverol, peintre proche d’André Breton et de Marcel Duchamp, et au dernier compagnon de celle-ci, le psychiatre et poète Gaston Ferdière, ami des surréalistes et qu’Antonin Artaud, son patient à l’asile de Rodez, qualifiait, d’après le docteur lui-même, de « bourreau ». Jean-David JUMEAU LAFOND, Crime et châtiment, [exposition, Paris, Musée d’Orsay, 16 mars – 27 juillet 2010], Paris, Gallimard, 2010
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