Lot n° 511
LORRIS (Guillaume de) et MEUNG (Jehan de)
Cy est le Romãt de la roze Ou tout lart Damour est enclose Histoires et auctoritez Et maintz beaulx propos usitez Qui a este nouvellement Corrige suffisantement Et cotte bien a lavantaige Com on voit en chascune page. On les vend a Paris, en la grand salle du Palais au premier pillier en la boutique de Galliot du pre Libraire jure de Luniversite, sd [c. 1526]. In-4 (185 × 268 mm)de [4]-cxxxix-[1] ff., 44 lignes sur 2 colonnes en caractères gothiques. Vélin ivoire moderne à l'imitation, titre peint en noir au premier reprenant le titre imprimé en première page.
Première édition donnée avec les corrections de Clément Marot et imprimée par Antoine Couteau pour l'éditeur Galliot du Pré (édition partagée avec Jean Petit). L'illustration se compose d’un grand C calligraphique sur le titre, d’un bois aux armes de France en tête du privilège, d’un beau bois représentant l’auteur en tête du prologue, de 92 gravures dans le texte (constituées de 83 bois différents, dont 5 répétés) et de la marque du libraire au colophon.
Le Roman de la Rose compte parmi les œuvres majeures de la littérature médiévale. Sa popularité, ininterrompue depuis la rédaction des premiers manuscrits au XIIIᵉ siècle, s’est prolongée jusqu’aux éditions imprimées de la fin du XVe et du début du XVIe siècle. Rédigé initialement par Guillaume de Lorris vers 1240, ce long poème allégorique fut repris environ trente ans plus tard par Jean de Meung, qui en compléta le contenu pour en faire une véritable réflexion sur l’amour. L’œuvre connut sa première impression vers 1481 à Genève, chez l’imprimeur Croquet, avant d’être régulièrement rééditée jusqu’en 1538. Comme beaucoup de textes médiévaux diffusés à l’époque de l’imprimerie naissante, le Roman de la Rose fut soumis à diverses modifications et réécritures au fil des différentes impressions.
Clément Marot (1495-1544), poète de cour d’abord au service de Marguerite de Valois, duchesse d’Alençon et sœur de François Ier, puis attaché au roi lui-même en tant que valet de chambre — poste qu’il hérita de son père Jean Marot — entreprit de restituer la version originale du Roman de la Rose, qu’il estimait avoir été altérée au fil des siècles. C’est durant son incarcération à la prison de Chartres, à la suite de conflits avec les autorités religieuses, qu’il travailla à cette nouvelle édition. Marot s'attela à rajeunir le texte en remplaçant tous les mots qu'il jugeait trop archaïques par des expressions en usage de son temps (Viollet-Le-Duc). C'est cette même adaptation déformée de l’original qui permit aux lecteurs du XVIe siècle de pouvoir lire et comprendre ce classique médiéval et dont la forme modernisée fut par là-même conservée pour la plupart des éditions ultérieures.
"L'édition de 1526 et toutes celles du XVIe siècle qui l'ont suivie sont faites d'après les corrections de Clément Marot, corrections qui sont si hardies et si fréquentes qu'elles peuvent passer pour des altérations du texte. Ce n'est pas cependant que les éditions plus anciennes nous donnent le texte tel qu'il est sorti de la plume des auteurs car elles sont faites sur des manuscrits du XVe siècle, lesquels, comme on sait, ont été eux-mêmes corrigés dans l'orthographe et dans les expressions qui avaient vieilli ; mais au moins elles se rapprochent de plus près de l'original et ce n'est pas là un faible avantage." Brunet.
"Comme le fait remarquer Brunet ces corrections sont audacieuses. Mais il ne faut pas oublier qu'elles sont exercées sur un texte déjà corrigé d'après des manuscrits du XVe qui eux-mêmes avaient été rajeunis." Tchemerzine.
Coupure sans manque en travers du premier feuillet et déchirure finement restaurée, qqs rares petites déchirures marginales sans gravité, qqs petites restaurations angulaires ou marginales, légère tache brune au bois du verso du f. xcvi, exemplaire probablement lavé mais bien conservé et bien contrasté. Bel exemplaire, à bonnes marges. (Brun, 241 ; Brunet III, 1174 ; Fairfax Murray, 328 ; Renouard, ICP, III-1009 ; Tchemerzine, VII, 244.)