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  • Lot n° 18 Ludger Tom RING LE JEUNE (Munster 1522 - Brunswick 1584) Corbeille de fleurs Corbeille aux fleurs ou Allégorie de la fragilité Huile sur panneau de chêne (une planche, quelques restaurations) 25,7 x 33,5 cm Le sens des images dans l'Ancien Régime était tellement fort, qu'une nature morte apparemment simple comme la nôtre pouvait cacher une ou plusieurs lectures aux significations de plus en plus profondes. Si l'on veut essayer de lire correctement une œuvre d'art, il faudrait donc la contextualiser dans la culture de son époque. Cela n'empêche pas de pouvoir y retrouver aussi quelques valeurs intemporelles. Avec sa délicate puissance et sa sobre monumentalité, la nature morte ici présentée nous encourage à suivre sans faute cette attitude. Œuvre sauvée de l'anonymat, notre corbeille de fleurs a été reconnue comme une rare composition du peintre allemand Ludger Tom Ring le Jeune grâce à son spécialiste, Sam Segal (cf. l'avis du Docteur Fred Meijer). Appartenant à une famille d'artistes catholiques et reconnu de son vivant comme habile portraitiste, Ludger le Jeune adopta la foi protestante au moment de sa diffusion dans sa ville natale de Münster. Il entreprit un voyage de formation à travers l'Europe, incarnant la typologie de l'artiste et du savant cosmopolite du XVIe siècle. Notre corbeille de fleurs est étroitement liée à une composition de Ludger le Jeune conservée à Berlin et disparue pendant la Seconde Guerre mondiale. Représentant un intérieur de cuisine et daté 1562, ce tableau montrait une corbeille tout à fait similaire à la nôtre mais avec un point de vue différent. Le même panier aux mêmes dimensions figure d'ailleurs dans un album d'études d'après nature de l'artiste, conservé à la Bibliothèque nationale d'Autriche à Vienne. Si les natures mortes occupent une certaine place dans quelques-unes des œuvres de Ludger le Jeune, elles deviennent le vrai et principal sujet d'un nombre très limité de compositions, exécutées à partir des années 1560. Nous citons ici celles du Mauritshuis de La Haye, du Museum de Münster et d'une collection privée. Stylistiquement, nous y retrouvons la même atmosphère sereine et suspendue et le même traitement de fleurs, pétales et feuilles visibles dans notre corbeille. Les compositions florales conservées à Münster portent une inscription latine souvent citée dans les textes scientifiques du XVIe siècle : « IN VERBIS IN HERBIS ET LA[PIDIBUS DEUS] », c'est-à-dire « Dieu est dans les mots, les plantes et les pierres ». Cette conception se retrouve déjà dans les traités philosophiques du Ve siècle avant Jésus-Christ, et par la suite au cœur de la théorie pharmaceutique de Paracelse (1493-1541). Ludger le Jeune l'a reprise dans ses compositions, les inscrivant clairement dans un contexte religieux. D'après le Docteur Fred Meijer qui a examiné directement notre corbeille, ce tableau "en qualité d'œuvre de Ludger Tom Ring même, appartient au premier groupe de natures mortes représentant seulement des fleurs. L'artiste peut être considéré comme le pionnier du sujet, bien avant que des artistes tels que Jan Brueghel ou Ambrosius Bosschaert l'Ancien ne commencent à populariser le genre. En tant que tel et en dehors de la version sur papier de Vienne, ce tableau doit être considéré comme la plus ancienne nature morte individuelle de fleurs dans un panier". Certaines sources d'époque nous informent de panneaux aux natures mortes fixées sur les portes d'armoires et les comptoirs des boutiques d'apothicaires. C'est pourquoi on pourrait imaginer que ce tableau avait une telle fonction. Notre nature morte incarne la sérénité, la grâce et le minimaliste typiques des œuvres de Ludger le Jeune. Elle est composée de quelques typologies de fleurs et herbes aromatiques. Si l'œillet de poète (Dianthus barbatus) fait référence à un noble symbolisme religieux (associé à la Vierge Marie ou à certaines saintes), la Ruta graveolens ou herbe de grâce enrobe l'œuvre d'une allure moins formelle, se retrouvant d'ailleurs dans d'autres compositions de l'artiste. Toutes ces fleurs et plantes, nobles ou plus humbles, font référence à la nature périssable des choses, à la fragilité de la beauté matérielle et à la fugacité de la pureté spirituelle. Le choix de les représenter dans un désordre apparent rappelle à nouveau la fugacité de la beauté. On pourrait envisager ici une allusion aux versets 24 et 25 du premier chapitre de la première épître de Pierre : "Car toute chair est comme l'herbe, et toute sa gloire comme la fleur de l'herbe. L'herbe sèche et sa fleur tombe, mais la parole du Seigneur demeure éternellement". Presque vidée des ses fleurs, la corbeille aussi joue un rôle clé dans cette signification, incarnant le conteneur matériel de la vie, le corps, qui meurt abandonné de ses éléments. Vanitas vanitatum et omnia vanitas (L'Ecclésiaste). Typiquement protestant, la Vanité est d'abord une nature morte à valeur morale, où domine le silence et la méditation et les figures humaines sont presque toujours absentes. Cette volonté ou exigence de silence et méditation semble nous manquer fortement aujourd'hui, dans ce monde voté à toutes sortes de sonorités, rythmes, superficialités. La copie de l'avis du Docteur Fred Meijer attribuant cette œuvre à Ludger Tom Ring le Jeune et datée du 23 octobre 2019 sera remise à l'acquéreur.

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