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  • Lot n° 62 Henry AUGUSTE (1759-1816) Projet pour les bas-reliefs de la Nef de l’Empereur du service du Grand Vermeil (1804). - Le Couronnement. - La remise solennelle du Grand Vermeil. Paire de dessins à la mine de plomb. Au revers, des annotations au crayon au verso dont numéro d’inventaire 425/28(32). Dans un cadre à baguettes dorées. H. 6,5 x L. 27,2 et H. 6,6 x L. 27 cm (à vue). H. 41,5 x L. 31 cm. Historique Cette paire de dessin sont préparatoires aux bas-reliefs figurant de part et d’autre de la Nef de l’Empereur du service du Grand Vermeil, une des pièces les plus spectaculaires du service d’apparat de la table impériale (ill. 1). Réalisés au trait pour mieux appréhender la gravure et le futur modelé en ronde bosse, ces deux dessins totalement inédits illustrent deux événements clés des cérémonies et des festivités données à l’occasion du Sacre de Napoléon : l’un représente le couronnement dans le chœur de Notre-Dame le 2 décembre ; et l’autre, la remise solennelle du Grand Vermeil le 16 décembre à l’Hôtel de Ville de Paris. Avec encore quelques repentirs et de légères variantes, ces deux projets de l’orfèvre Auguste sont exceptionnels par la qualité du programme politique et artistique, ainsi que par son témoignage historique, offrant avec détails, une des premières représentations du Sacre de Napoléon. Henry Auguste (1759-1816), orfèvre de renom, de la Cour de Versailles à Napoléon Fils de Robert-Joseph Auguste, orfèvre du roi depuis 1777 et ayant épousé une descendante des Coustou, Henry Auguste reprend la maison paternelle en 1785, et s’attache très tôt à fournir en ouvrages importants, les princes de la famille royale, en particulier le Dauphin, les comtes de Provence et d’Artois, frères du Roi, ainsi que les grandes familles des Cours européennes. Ses premières créations dévoilent un goût très sûr et une grande élégance néoclassique, annonçant déjà le style Empire. Partisan des idées nouvelles sous la Révolution Française, il surmonte la chute des commandes et la crise économique, en faisant partie de plusieurs commissions révolutionnaires ; il est chargé d’estimer les effets précieux confisqués aux émigrés, s’engage dans la prise des joyaux de la Sainte-Chapelle et de la châsse de Sainte-Geneviève. Pour combler la chute des commandes d’orfèvrerie sous la Révolution, il s’intéresse à la frappe de médailles et à de nouveaux procédés d’alliage des métaux, compétences qu’il met à profit notamment sous le Consulat avec la médaille commémorative de la bataille de Marengo. Au début du Consulat, l’exposition des produits de l’industrie française de l’an X est l’occasion de montrer ses talents et son savoir-faire, en concurrence avec Thomire, Odiot père et Biennais ; le jury distingue chez Auguste la beauté, le caractère des formes et surtout la perfection de la ciselure des ornements et des figures qui les décorent. Plus tard sous l’Empire, il triomphe à nouveau lors de l’exposition de 1806, avec un « nouveau procédé de rétreinte et d’estampage qui permettait d’économiser sur le moulage, la ciselure et le poids de la matière ». Le rapport du ministre Champagny rappelle à l’Empereur combien l’orfèvre est un artiste distingué, joignant à une imagination vive et féconde, beaucoup de goût dans l’exécution des dessins qu’il imagine, ajoutant qu’il offre une orfèvrerie « propre à fixer les regards de l’étranger » ! Le projet très ambitieux du Grand Vermeil En 1804, l’année du Sacre donne lieu à de nombreuses et fastueuses commandes dont Auguste est un des principaux bénéficiaires. C’est à l’initiative de Nicolas Frochot (1761-1828), ancien député de la Côte d’Or et préfet de la Seine depuis le début du Consulat, que l’on doit la création du Grand Vermeil. Il fait alors appel au grand orfèvre Henri Auguste avec qui il avait déjà envisagé de collaborer pour la frappe de médailles au nom de la municipalité de Paris. Véritable tour de force, l’orfèvre exécute la prestigieuse commande en seulement deux mois : la commission chargée de surveiller la qualité des travaux et leur avancement, note le 26 Vendémiaire (18 octobre) que plus de 150 ouvriers travaillent dans les ateliers ; le 24 Brumaire (15 novembre), Frochot lui-même constate que la plupart des pièces sont prêtes à la dorure ; et l’ensemble sera livré le 15 décembre à l’Hôtel de Ville, la veille de la fête donnée aux souverains. Selon le Moniteur du 28 Frimaire (19 décembre), le service et la toilette avaient été placés dans un cabinet particulier et les nefs présentés à Napoléon et Joséphine juste avant le banquet. L’Empereur accepta alors que toute cette orfèvrerie soit montrée au public sous forme d’exposition temporaire à l’Hôtel de Ville ; les critiques furent unanimes pour louer le remarquable ouvrage de l’orfèvre. La nef de l’Empereur, pièce majeure du Grand Vermeil À la proclamation de l’Empire en 1804, Napoléon s’était attaché à renouer avec les fastes et les traditions de la monarchie en rétablissant l’étiquette et un service protocolaire strict. Il demanda à Ségur, son Grand Maître des Cérémonies, de rédiger un cérémonial régissant tous les aspects de la vie officielle du souverain et de la Cour, calqué sur celui de l’Ancien Régime. Au chapitre des « Repas de leurs Majestés », on distinguait le grand couvert du petit couvert, : pour les circonstances exceptionnelles ou les réceptions diplomatiques, la table des palais impériaux exigeait une vaisselle d’apparat qui ferait appel aux meilleurs orfèvres, en valorisant l’industrie du luxe français. C’est la Ville de Paris, sur proposition du Préfet de la Seine, Frochot, qui décida d’offrir un grand service en vermeil, au nouvel empereur à l’occasion de son sacre. Elle renouait ainsi avec la tradition des présents offerts au roi lors de son entrée solennelle dans la Capitale. Parmi les 425 pièces remarquables de ce service, le cadenas et les nefs sont indéniablement spectaculaires ; ces deux éléments importants du décor, richement ouvragés, faisaient parties des privilèges des souverains à la table royale depuis le XVe siècle, la nef renfermant le pain, les serviettes, les couverts et les coussins de senteur, tandis que le cadenas possédait le sel et les épices ainsi que les épreuves contre le poison. La nef de l’Empereur reprend les symboles de la Ville de Paris : la forme de vaisseau rappelant les armoiries de la ville est soutenue par deux allégories assises et adossées l’une à l’autre, représentant la Seine et la Marne ; à la poupe, une frise montrant douze figures alternées de faisceaux de licteurs, rappelle les douze municipalités de Paris. Une Renommée à la proue du navire, les allégories de la Justice et de la Prudence tenant le gouvernail et gardant la couronne de Charlemagne, le chiffre « N » sur le socle et le semi d’abeilles ciselé sur le couvercle, répondent quant à eux à la dignité impériale de la pièce. Enfin deux grandes frises ornant les flancs du navire, objet de nos deux dessins préparatoires, illustrent les circonstances du fastueux cadeau de la Ville de Paris à Napoléon. Le premier dessin représentant un projet de nef a été livré par Henri Auguste le 22 Fructidor an XII (9 septembre 1804). Auguste donne déjà un aperçu de la frise avec la scène de l’Hôtel de ville ; il s’agit de la présentation des clefs de la Ville de Paris par Frochot ; la table avec le Grand Vermeil n’est pas encore présente sur le dessin. Les différences que l’on peut observer sur le dessin par rapport au modèle définitif de la nef, montrent qu’une véritable réflexion a été engagée entre l’orfèvre et le commanditaire, mais aussi avec la Maison de l’Empereur ou les responsables des cérémonies du Sacre. Nous relevons sur nos deux frises plusieurs variantes par rapport au projet définitif. À gauche du premier dessin, sur la table aux piètements de sphinx où sont posés plusieurs pièces du Grand Vermeil, une terrine, une aiguière fuseau et le pot à oille ainsi qu’une grande aiguière avec plateau seront remplacés notamment par une Victoire ailé, et deux aiguières avec plateaux (détail). Mais la variante la plus notable se trouve dans la figure principale du Préfet de la Seine qui est courbé devant l’Empereur, lui présentant les clefs de la ville de Paris, avec une reprise dans la position des jambes au-dessus du cartel ; sur le bas-relief définitif, le personnage n’est plus courbé mais bien droit comme semble l’indiquer un repentir sur le dessin ; il tient de sa main droite son discours tandis qu’il présente une main gauche tendue vers Napoléon qui montre le même geste. Un des maires situés à droite de la frise, ne se trouve plus devant les marches du trône mais bien derrière avec trois autres de ces condisciples (ill. 3) Dans la scène du couronnement, la main de justice n'apparaît pas sur le dessin ; l’Empereur tient de sa main droite le grand sceptre, tandis que sa main gauche est simplement appuyée sur la poignée de son épée ; de même, les abeilles du grand manteau n’apparaissent pas encore dans le projet de dessin. Autre différence non négligeable, l’Impératrice porte un simple diadème sur le dessin tandis que l’Empereur est ceint de la couronne impériale, contrairement au bas-relief définitif. La faillite de la Maison Auguste en 1810 explique la très grande rareté des dessins subsistants de l’atelier ; quelques-uns se sont retrouvés dans le fond de la Maison Odiot avant leurs dispersions lors de la vente Sotheby’s en 1975. Témoins d’un des plus prestigieux services offerts à Napoléon, ces deux projets de dessin sont sans aucun doute une redécouverte majeure pour l’histoire des arts décoratifs de l’Empire. Œuvres en rapport - Henry Auguste, Pièce en vermeil de la Nef de l’Empereur du Grand Service, 1804. Signé sur la base « Hy Auguste l’an 1er du règne de Napoléon », Musée Napoléon au Château de Fontainebleau (inv. GMLC 327 B). - Henry Auguste, Projet de nef destinée pour le service de l’Empereur lorsqu’il mange en public, 22 Fructidor an XII (9 septembre 1804), 89,5 x 93,5 cm, Musée des Arts décoratifs (inv. 995.130.1). - Henry Auguste, Cires pour les nefs du Grand Vermeil, 1804. Musée des Arts décoratifs (inv. 26920 A-D), ancienne collection Ney-Moskowa, donation David Weill en 1929. Littérature - J.-P. Samoyault, art. Le Grand Vermeil de l’Empereur, le cérémonial royal retrouvé, in Dossier de l’Art n°15 (novembre-décembre 1993), Versailles et les tables royales, pp. 46-53. - J.-P. Samoyault, art. L’orfèvrerie de table de la Couronne sous le Premier Empire, in Versailles et les tables royales en Europe, Exposition au Château de Versailles, septembre 1993 – février 1994, pp. 207-215 & n°305 p. 343. - J. Helft, Les grands orfèvres de Louis XIII à Charles X. éd. 1965, p.274-275. - O. Nouvel-Kammerer, art. Les nefs du Sacre, in L’Aigle et le Papillon, symboles des pouvoirs sous Napoléon, Exposition Musée des Arts décoratifs, 2007 ; n°51 Nef de l’Empereur, n°53 Projet de nef de l’Empereur, n°54 Cire pour les nefs du Grand Vermeil. - A. Dion-Tenenbaum, Orfèvrerie française du XIXe siècle, éd. 2011 p.32-33 & 106-114. - C. Beyeler, Napoléon, l’Art en majesté, éd. 2017, pp. 106-115. - S. Grandjean, art. Henry Auguste, in Dictionnaire Napoléon sous la direction de Jean Tulard. - H. Bouilhet, L’orfèvrerie française aux XVIIIe et XIXe siècle, éd. 1910. Avec notamment plusieurs planches montrant les dessins pour les pièces de formes du grand vermeil, exposés à l’Exposition universelle internationale de 1900 à Paris. - Charles Saunier, art. Monsieur Auguste, un artiste romantique oublié, in Gazette des Beaux-Arts, pp. 441-460. - Y. Carlier, art. Aspects inédits de la carrière de l’orfèvre Henry Auguste (1759-1816), pp. 195-219, in Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français, 2001. - Th. de Lachaise, art. Henry Auguste, un orfèvre au parcours atypique, pp. 60-65, in Objet d’Art, nov. 2005. - A. Burtard, art. Sur la piste des orientations artistiques de Nicolas Frochot, premier préfet de la Seine sous le Consulat et l’Empire, in Livraisons de l’Histoire de l’architecture, n°26 (2013).

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