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  • Lot n° 101 PAIRE D'APPLIQUES ROYALES EN BRONZE DORÉ À DEUX LUMIÈRES DU XVIIIe SIÈCLE, PROVENANT DE LA CHAMBRE À COUCHER DE LA REINE MARIE-AMÉLIE AU CHÂTEAU D'EU Époque Louis XVI, Paris, vers 1785. Marques aux fers : EU sous couronne royale, surmontant les numéros d'inventaire 1558 et 1559, visibles sur le côté gauche de chaque applique. H. 54,5 x L. 37,5 cm. Provenance - Probablement Jean-Jacques Régis de Cambacérès (1753-1824), duc de Parme, provenant des hôtels d'Elbeuf et de Roquelaure avant 1816. - Collection de la duchesse douairière d'Orléans, née Louise-Marie-Adélaïde de Bourbon-Penthièvre (1753-1821). - Par descendance, à son fils Louis-Philippe d'Orléans (1773-1850), futur roi Louis-Philippe Ier, au château d'Eu à partir de 1821. - Mentionnées dans l'inventaire de 1841 du château d'Eu (Archives nationales, 300 AP 1-1595) dans la « Chambre à coucher de Sa Majesté la Reine ». - Probablement ventes de la succession du roi Louis-Philippe, Christie's Londres, 5 mai 1853 ou 5-6 juin 1857. - Galerie Perrin, Paris. - Collection privée, France. Archives Un inventaire du garde-meuble du roi au château d'Eu, recensant les inscriptions antérieures à 1841, mentionne nos luminaires dans les appartements de la reine Marie-Amélie, et plus précisément dans la « Chambre de Sa Majesté la Reine » (Archives nationales, 300 AP 1-1595) : - 1558 : 1 bras doré, forme ancienne, surmonté d'un vase, 2 lumières. - 1559 : 1 bras idem (idem). Historique La traçabilité de notre paire de bras de lumière est quasiment certaine à partir de 1816, par sa présence dans l'inventaire de 1841, mais elle reste non établie pour la période antérieure. Cependant, certains constats nous permettent légitimement d'en tracer l'histoire, jusqu'à remonter à l'époque de leur fabrication sous le règne de Louis XVI (1774-1792). Bien différentes du style Louis-Philippe de la chambre de la Reine au château d'Eu, nos appliques décrite de "forme ancienne" dans l'inventaire de 1841 sont incontestablement d'époque Louis XVI, le travail de la ciselure du bronze doré étant même de très haute qualité. Il est très probable qu'elles proviennent de la succession de la mère du roi Louis-Philippe, la duchesse douairière d'Orléans, fille du duc de Penthièvre. En effet, Louis-Philippe et sa soeur Adélaïde vont hériter de leur mère un important patrimoine immobilier et mobilier, dont plusieurs meubles et objets d'art de provenances illustres, d'époque Louis XVI, qu'ils vont répartir entre le Palais Royal et le château d'Eu. Ces objets proviennent pour une partie des collections du duc de Penthièvre, et pour l'autre de l'hôtel de Roquelaure à Paris, acheté en 1816 par la Duchesse douairière d'Orléans à l'archichancelier de l'Empire Régis de Cambacérès (1753-1824), contraint à l'exil. Napoléon avait auparavant doté Cambacérès d'une première résidence parisienne, l'hôtel d'Elbeuf, tout en le meublant en puisant dans les réserves de l'ex-garde meuble royal, riche d'un patrimoine provenant notamment des émigrés. C'est ainsi qu'on a retrouvé à Eu et chez les Orléans un mobilier prestigieux et de haute qualité, quasiment royal, à l'instar des encoignures de Levasseur, réalisées pour Mesdames, filles de Louis XV, à Bellevue, qu'on retrouve au Palais Royal sous la Restauration (vente Sotheby's, Monaco, 1er juillet 1995, lot 105). Il en va de même pour une série de fauteuils d'époque Louis XVI, laqués blanc, par J.-B. Sené, avec les marques du château d'Eu, dont quatre sont récemment passés en vente provenant de l'hôtel de Cambacérès puis de la collection Pierre Durand (vente Christie's, New-York, 27 janvier 2022, lot 136, adjugé 62,500$). Encore plus récemment, dans la vente de collection Givenchy, un fauteuil d'époque Empire par Jacob-Desmalter jouissait de la même provenance (Christie's, Paris, 17 juin 2022, lot 196). Le château d'Eu Situé dans la vallée de la Bresle qui sépare la Normandie de la Picardie, à quatre kilomètres du Tréport (Seine-Maritime), le château d'Eu fut la résidence préférée de Louis-Philippe d'Orléans (Paris, 1773-Claremont, 1850), « Roi des Français » sous le nom de Louis-Philippe 1er de 1830 à 1848. Il le fit restaurer et réaménager dès 1821 avec de nouveaux appartements, des « reconstitutions » dans les styles Renaissance et Louis XIII et des galeries de « portraits historiques » qui annonçaient déjà les futures réalisations du Roi au château de Versailles. C'est à Eu que Louis-Philippe reçut à deux reprises la Reine Victoria en 1843 et en 1845. La demeure dont l'histoire remonte à l'époque médiévale fut, avant Louis-Philippe, l'objet de nombreuses restructurations. Elle échut en dot en 1570 à Henri 1er de Guise, dit le Balafré (1549-1588). Le Duc entreprit la construction du château actuel en 1578 sur les plans des frères Leroy, natifs de Beauvais. Le domaine resta dans l'apanage de la famille de Guise jusqu'en 1660. Saisi, il fut vendu par décret le 24 août 1661 à Anne-Marie-Louise d'Orléans (1627-1693), Duchesse de Montpensier et cousine de Louis XIV, connue sous le nom de la Grande Mademoiselle: « J'arrivai fort tard, écrit-elle dans ses Mémoires, j'allai descendre à l'église. Le château me parut beau […] On juge par ce que M. de Guise y avait bâti ce qu'il avait envie d'y faire ; il n'y a que la moitié de la maison de faite et une partie des logements des comtes d'Eu qui étaient de la maison d'Artois. La situation est très belle, on voit la mer de tous ses appartements […] ». La duchesse de Montpensier agrandit les bâtiments de manière conséquente et créa des jardins. Elle fit à Eu de fréquents séjours, dont un de dix-huit mois, peut-être un peu long à son gré : elle était alors exilée pour avoir refusé d'épouser le Roi du Portugal. En 1681, dans l'espoir de libérer le Duc de Lauzun, enfermé sur ordre de Louis XIV dans la forteresse de Pignerol (Italie, Piémont) et pour lequel elle vouait une folle passion, Mademoiselle céda le château d'Eu au Duc du Maine, fils du Roi et de Madame de Montespan. C'est à Eu que le prince de Dombes et le Comte d'Eu, fils du Duc du Maine, furent exilés en 1720 à la suite de la conspiration de Cellamare (ambassadeur d'Espagne à la Cour de France, Antonio del Giudice (1657-1733), prince de Cellamare, conspira vainement avec le Duc et la Duchesse du Maine pour asseoir le roi d'Espagne Philippe V sur le trône de France à la place du Régent). Après cela, le château ne fut plus guère habité, jusqu'à ce que le Duc de Penthièvre, première fortune de France et héritier de son cousin en 1776, ne devienne propriétaire de la demeure. Celle-ci fut saisie à la Révolution et le mobilier vendu à l'encan. Les bâtiments furent sous l'Empire affectés à la sénatorerie de Rouen. Ce n'est que sous la Restauration (1815-1830) que le château fut rendu à la Duchesse douairière d'Orléans, fille du Duc de Penthièvre, et mère de Louis-Philippe. La chambre de la Reine Marie-Amélie était installée, au premier étage du château, dans le pavillon sud ajouté vers 1665 par la Grande Mademoiselle aux bâtiments déjà existants édifiés par Catherine de Clèves et Henri 1er de Guise. Ce pavillon permit de donner à la demeure une symétrie d'ensemble qui n'existait pas à l'origine. Le décor de cette chambre nous est aujourd'hui connu par des sources à la fois manuscrites et iconographiques. Il est tout d'abord décrit dans l'inventaire déjà évoqué du garde-meuble de Louis-Philippe énumérant les entrées dans le château avant 1841 et dans lequel sont décrites nos deux appliques aux numéros 1558 et 1559. Ce décor est également mentionné dans un inventaire des peintures du château d'Eu établi en mai 1848 et aujourd'hui conservé dans les Archives du Louvre (39 DD 2) qui nous montre un « éclaté » de la pièce indiquant avec précision l'emplacement des différents tableaux qui s'y trouvaient à l'époque. Une aquarelle non signée, acquise le 12 juin 1989 par la ville d'Eu pour son musée et provenant de l'héritage du duc de Nemours (inv. n° 989-8-1), nous apporte une fidèle transcription en trois dimensions des sources manuscrites évoquées ci-dessus. Cette chambre que la Reine partageait avec le Roi présentait une arcade ouvrant sur le boudoir (dans lequel est censé se trouver le spectateur) qui était ornée de huit portraits de princes et de princesses de Bourbon et de Conti. La première partie de la chambre se singularisait par un curieux plan à quatre pans coupés qui se superposait en fait à celui de la chapelle au rez-de-chaussée. Cette pièce s'ornait d'une cheminée surmontée d'un miroir, bien visible sur l'aquarelle, et de trois grands portraits montrant le connétable de Bourbon, son épouse et sa sœur. Les dégagements en retrait de part et d'autre de l'alcôve, invisibles ici, étaient aussi décorés de portraits : le père, les frères et sœurs du Roi au sud, et les grands-parents paternels et maternels du Roi au nord. Quant au fond de l'alcôve dont on aperçoit une large partie, il était tapissé de portraits chers à la Reine : à la partie supérieure, les premiers petits-enfants, le Comte de Paris, le Prince de Wurtemberg, la Princesse Charlotte, le Duc de Brabant, le Duc de Chartres et le Comte d'Eu ; au milieu, les princes et fils de la Reine, le Duc d'Orléans (mort en 1842 dans un tragique accident de voiture à Neuilly), le Duc de Nemours (premier propriétaire de l'aquarelle), le Prince de Joinville, le Duc d'Aumale, le Duc de Montpensier, le Duc de Penthièvre (mort à huit ans) et l'époux de la Princesse Louise, le Roi Léopold des Belges ; enfin, à la partie supérieure, le Roi et la Reine, Madame Adélaïde et les princesses Clémentine, Louise, Marie et Françoise (morte à deux ans). Les tentures et étoffes d'ameublement étaient couleur damas cramoisi, avec des fenêtres doublées par des rideaux de mousseline blanche et des stores en coutil également blanc. L'inventaire de 1841 nous permet de nous faire une idée précise du mobilier de la pièce dont une partie a pu aujourd'hui regagner le château sous forme d'achats et de donations diverses : un grand lit, deux fauteuils recouverts de damas cramoisi, deux petits tabourets, deux commodes, une console, un bureau à casiers, deux tables, deux tables de nuit, deux guéridons. Ce mobilier était en chêne torsadé et orné de laiton. A cela s'ajoutaient un écran de cheminée en palissandre, visible sur l'aquarelle, et un ameublement en acajou avec un petit lit de repos glissé sur le côté de l'alcôve, un prie-Dieu et deux fauteuils anglais recouverts en damas cramoisi. Un échiquier en ivoire, une boîte serre-lettres en acajou, une boîte à ouvrage en laque, une pendule en marbre noir et or « forme Renaissance », ainsi qu'un « garde-feu en toile métallique à six feuilles », également visible sur l'aquarelle, complétaient cet ensemble. L'éclairage de la chambre était fourni par un lustre en bronze à huit lumières, complété par nos deux bras à deux lumières "forme ancienne", c'est-à-dire Louis XVI, dix flambeaux et deux candélabres. Ces derniers, qui flanquaient la pendule sur la cheminée, garniture visible sur l'aquarelle, ont été acquis par le Victoria & Albert Museum, à Londres, en 1986 (portant les numéros 1561 et 1562, ils avaient été vendus une première fois par Christie's à Londres, le 5 mai 1853). Une hypothèse a été avancée par Madame Martine Bailleux-Delbecq, ancien directeur du château d'Eu, dans son article paru dans la Revue du Louvre en 1990 et sur lequel nous fondons notre présente étude (voir « La chambre de la Reine Marie-Amélie au château d'Eu d'après une aquarelle », La Revue du Louvre, 1-1990, pp. 22-25). L'aquarelle pourrait en effet n'avoir été qu'une étude préparatoire d'une autre aquarelle, très proche et plus complète, appartenant à l'album offert par le roi Louis-Philippe à la Reine Victoria, lors de sa visite au château de Windsor en octobre 1844 (l'album s'y trouve toujours aujourd'hui). Cette aquarelle, signée de Siméon Fort et de Franz Xaver Winterhalter, montre trois reines en pleine discussion à l'entrée de la chambre de la Reine : Victoria, Reine d'Angleterre, Louise, Reine des Belges, et Marie-Amélie, Reine des Français. Les fauteuils ne sont plus disposés de la même manière, les petits tabourets de pieds en acajou, signalés dans l'inventaire, sont distinctement visibles, mais pas le lustre, ni nos appliques ; la représentation du luminaire étant souvent volontairement bannie de ce type de scène afin de ne pas en alourdir la clarté de lecture. L'importante campagne de travaux que mena entre 1875 et 1877 l'architecte Viollet-le-Duc à la demande du Comte de Paris, n'affecta pas l'appartement de la Reine Marie-Amélie. Seuls les tableaux avaient été retirés de leurs cadres à la chute de Louis-Philippe en 1848. Une photographie prise juste avant le terrible incendie du 11 novembre 1902 qui ravagea toute l'aile sud du château, n'épargnant que le cabinet de toilette et le parquet du boudoir, montre que les portraits peints avaient été remplacés par une collection de céramiques hispano-mauresques . La photographie, prise par W. et A.H. Fry, établis à Brighton, en Angleterre, montre distinctement le parquet de marqueterie en étoile, œuvre de l'anglais Georges Packham, la cheminée de marbre clair, les cimaises peintes et l'omniprésence des chiffres de la Grande Mademoiselle et de la famille d'Orléans (trois fleurs de lys d'or sur fond d'azur, sommés du lambel d'argent). Bien que détruite dans l'incendie de 1902, cette pièce, dont les volumes demeurent, fait aujourd'hui précisément l'objet d'un projet de restitution de son décor tel que la Reine Marie-Amélie le connut durant la Monarchie de Juillet (1830-1848). Littérature - Inventaire après-décès de la duchesse douairière d'Orléans en 1821, bibliothèque Marmottan, MS 3019. - Christian Baulez, La rue Saint-Dominique, hôtels et amateurs. Cat. d'expo., Hôtel Rodin, Paris, 11 octobre-20 décembre 1984, p. 168. - Martine Bailleux-Delbecq, La chambre de la reine Marie-Amélie au château d'Eu d'après une aquarelle, La Revue du Louvre, 1-1990, pp. 22-25.

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